Armelle PONCHEL Psychologue Quimper
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Une lumière à l’horizon pour soigner les dépressions non saisonnières

D’après une métanalyse publiée dans le JAMA , la luminothérapie a un effet bénéfique sur les dépressions et cela indépendamment  de l’alternance des saisons. La supplémentation en photons ne régule donc pas seulement le syndrome hivernal dépressif.

L’énergie des photons, utilisée en traitement d’appoint, est efficace pour la rémission de dépressions. Mieux encore, les particules lumineuses sont même capables de potentialiser les traitements antidépresseurs. C’est ce que montre un article paru dans la revue JAMA psychiatry.

Dans sa métanalyse, l’équipe brésilienne a compilé les données de 11 études d’essais cliniques randomisés avec 858 patients au total. Les résultats sont significatifs : le taux de rémission atteint 40,7 % dans le groupe bénéficiant de luminothérapie, contre seulement 23,5 % chez les patients ne recevant pas ce complément. « Nos résultats […] renforcent la théorie selon laquelle les patients traités par BLT (bright light therapy ou luminothérapie, ndlr) acquièrent une rémission des symptômes et un taux de réponse plus rapidement que les patients traités uniquement par antidépresseurs, peut-on lire dans l’étude. »

10 000 lux pendant au moins 30 minutes

10 000 lux, c’est l’éclairement généralement utilisé dans les études cliniques, elle correspond à une luminosité extérieure d’un ciel nuageux.  Notons que les patients des essais étaient exposés à cette intensité lumineuse grâce à une lampe spécifique, entre 30 et 60 minutes par jour, sur une période d’une à 6 semaines.

Ainsi, la métanalyse révèle que la luminothérapie est efficace rapidement et sur un temps plus long. En effet, moins de 4 semaines après le début de la luminothérapie, 27,4% des patients montraient une rémission contre 9,2% sans l’ajout de traitement lumineux. Après 4 semaines, c’est 46,6% de rémission avec supplément de photons contre 29,1% sans. L’étude montre donc, non seulement, une efficacité du traitement mais également une amélioration du temps de réponse au traitement initial.

Faisceaux de preuves

Pour autant, selon les auteurs de la publication, il manque une étude rigoureuse et d’ampleur, pour confirmer ces données et discuter la pertinence de recommandations d’exposition à la lumière. Finalement, cette étude vient conforter d’autres métanalyses réalisées en 2016 et 2020. D’ailleurs, l’INSERM n’a pas attendu de recommandations de l’HAS pour préconiser, en 2017,  le recours à des médecins du sommeil ou formés à la chronobiologie afin de traiter les patients souffrant de dépression non saisonnière.

La lumière agit notamment sur l’humeur grâce aux cellules ganglionnaires photosensibles de la rétine. Ensuite, les axones myélinisés de ces neurones se prolongent jusque dans les zones du cerveau impliquées dans la régulation de l’humeur tels que l’amygdale, le noyau suprachiasmatique et le noyau du raphé dorsal.

Quelques minutes de marche quotidienne en plein air

Néanmoins, la diversité des tests1 d’évaluations des rémissions avec sa part de subjectivité font parties des limites de la métanalyse. Ajoutons que ces résultats concernent des patients souffrant de dépressions modérées ou légères soignées en ambulatoire. Par la suite, il sera intéressant d’étudier si cela peut s’étendre à des dépressions plus sévères.

Avec un risque faible et des bénéfices multiples, le traitement par la lumière semble présenter un intérêt notable pour nos patients. Cumulé à son bénéfice sur la dépression, elle joue également un rôle pour la régulation du sommeil et la synthèse de vitamine D. En complément des traitements classiques de la dépression, des recommandations simples, telles qu’une marche quotidienne de quelques minutes en plein air, peuvent également s’avérer efficaces.

Par Renaud Gosset de Whatsupdoc article écrit sous la supervision de notre Conseillère médicale de la rédaction Dr Cyrielle Rambaud
1 : notamment l’échelle d’évaluation de la dépression de Hamilton, HAM-D, et l’échelle d’évaluation de la dépression de Montgomery-Åsberg, MADRS)

 

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