Service psy

DE L’AIDE PSYCHOLOGIQUE POUR LES MARINS

Enfin un centre d’aide psychologique pour les marins – Par Rédaction Guérande  le 8 Oct 21

L’hôpital de St Nazaire (Loire-Atlantique) compte un nouveau service, le centre d’aide psychologique pour les marins. Une population qui souffre bien plus que la moyenne.

Le service s’est installé au rez-de-chaussée du château d’Heinlex à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Une vraie naissance pour le Crapem, le centre de ressources d’aide psychologique en mer, officialisé depuis cette année

Une aide psychologique pour les marins, on a envie de dire : enfin. Car les chiffres sont là : 21 % des gens de mer disent avoir connu ou connaître un stress post-traumatique, soit 10 % de plus que la population générale. De quoi attirer l’œil de la psychiatre nazairienne Camille Jego. « Je me suis spécialisée en psycho trauma. J’ai voulu mener une étude sur les gens de mer, pour sortir de l’intuition et voir comment mettre en place des outils adaptés ».

Des débuts Covid

La voilà aujourd’hui coordinatrice du service, avec un numéro national, popularisé par les ministères. Elle compte avec elle un médecin à mi-temps, une secrétaire, deux infirmières et l’intervention d’une troisième, pour la prévention sur le suicide. L’idée s’est en fait concrétisée il y a deux ans avec le fonds d’innovation en psychiatrie. Les premiers mois d’activité ont fait leurs preuves. Il faut dire qu’il ne s’agissait pas de mois comme les autres.

« L’ARS [Agence régionale de santé, nldr] a commencé à nous financer en mars 2020, raconte-t-elle. Évidemment, avec la crise sanitaire, les marins étaient coincés loin de chez eux, avec une prise de conscience de leur isolement ». Autant dire que l’aide psychologique s’est révélée indispensable.

Agir au plus vite

Pourtant la tâche n’est pas simple. Embarqués ensemble pour plusieurs mois, les marins n’ont pas pour habitude de faire étalage de leurs sentiments.

La place de la virilité et des valeurs morales est très forte et laisse peu de place à la sensibilité. Il faut garder une cohésion de groupe en créant aussi des espaces individuels.

Camille Jego

Et tout ça, le plus vite possible. Un stress post-traumatique doit se prendre assez tôt. « Or, tant que le marin n’est pas revenu à terre, il doit continuer et crée ainsi une distanciation avec l’événement, par instinct de survie ». Ce qui rend la parole encore plus compliquée après. Avec le Crapem, les marins peuvent joindre la psychiatre directement par téléphone, « quelquefois par visio mais la connexion est rarement bonne ». Certains viennent aussi la voir pendant leur escale à Saint-Nazaire.

« On les oublie »

Reste une question : pourquoi a-t-on mis tant de temps à mettre en place cette aide ? « Parce que les marins représentent une population méconnue, qui n’est pas considérée comme indispensable, estime Camille Jégo. On les oublie alors que le monde fonctionne grâce à eux ». La psychiatre espère que cette démarche vers un mieux-être des gens de la mer ira encore plus loin, en intégrant par exemple la possibilité des souffrances psychiques dans la culture du métier. « Que le marin sache qu’il reste un être humain ». Pas facile.

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