Articles psy

Réseaux sociaux et adolescence : « C’est un peu comme si les ados étaient devenus leur propre poupée »

Durant l’adolescence, il est courant de voir apparaître certains changements chez son enfant. Chez certains, la « crise d’adolescence » est un passage inévitable durant lequel le rôle parental est mis à rude épreuve. Comment s’en sortir et prendre soin de son enfant sans l’envahir ?

Conseils avec Bruno Humbeeck, Docteur en psychopédagogie, pédagogie familiale et scolaire.

La « crise d’adolescence« 

La période de l’adolescence se caractérise par de nombreux changements, tant pour les enfants, que pour les parents. « La crise d’adolescence n’est pas celle de l’adolescent lui-même… C’est celle de ceux qui s’occupent de l’adolescent » plaisante Bruno Humbeeck. « Ceux qui sont en crise, ce sont plutôt ceux qui se demandent comment ils vont faire avec leur adolescent. » Durant cette étape, il se passe beaucoup de choses dans le corps et dans le cerveau, de manière parfois brutale.

Le cerveau et la bosse de réminiscence

Les événements vécus au cours de l’adolescence constitueraient les souvenirs les plus marquants de notre vie ; c’est ce qu’on appelle : « la bosse de réminiscence ». Durant cette période, il semblerait que le cerveau ait la faculté de mieux mémoriser ce qui nous arrive. Et justement, au cours de cette période, il y a des choses essentielles à apprendre. On pense par exemple aux règles de la séduction, aux règles du consentement, les jeux de pouvoir avec les autres…

C’est également à cette période qu’un enfant est en quête d’autonomie. L’adolescence est une période durant laquelle les apprentissages sont très importants parce que le cerveau est prédisposé à le faire : « C’est une période durant laquelle les parents doivent donc amener l’ado à s’occuper de lui, et aussi, à se préoccuper des autres » ajoute Bruno Humbeeck.

Ce mécanisme est associé au fait que les fonctions exécutives d’un adolescent ne sont pas à maturité. Résultat, les ados ne savent pas toujours concrétiser les projets, et prennent plus de risques. Certes, en prenant plus de risques, ils vont apprendre plus de choses, mais ce risque entraîne une difficulté pour les parents. Il faut parvenir à faire la part des choses entre prendre des risques, et ne pas se mettre en danger.

Attention aux théories du complot !

Quand ils sont considérés comme des personnes incapables de réfléchir, les adolescents se comportent comme tel. Or, un adolescent à plus de neurones que nous, « même si ça ne saute pas aux yeux » blague Bruno Humbeeck. Ils ont en effet plus de neurones (c’est-à-dire plus de matière grise), mais ils n’ont pas de matière blanche en proportion. A cet âge, le cerveau parvient donc à collecter les informations, mais il a du mal à les rassembler pour en faire des connaissances. Conclusion, si on propose une théorie du complot à des adolescents, il y a des chances pour qu’ils tombent dans le panneau. Il faut donc être très attentif à ne pas exposer un ado aux fausses informations, et valider sa qualité d’engranger les informations.

Au niveau des hormones et de la transformation du corps aussi, il y a de nombreux changements. Ce n’est pas toujours évident de s’habituer à une image qui change tout le temps. Notre corps bouge lentement à toutes les périodes de notre développement, sauf à l’adolescence où là, il y a une véritable métamorphose. « Pour cette raison, il faut être très attentif à l’image qu’un ado a de lui-même, sans être envahissant » insiste Bruno Humbeeck » Il faut toujours explorer la planète de son adolescent non pas avec l’arrogance d’un envahisseur, mais avec la modestie d’un ethnologue. » Pour ses enfants, c’est bien d’être présent sans être envahissant.

Les réseaux sociaux : une arme à double tranchant

Lorsqu’il met son image en scène sur les réseaux sociaux, il ne s’agit pas vraiment du reflet de sa personnalité, mais plutôt d’une image filtrée de lui-même. Quand il est « liké », il ne sait pas s’il est aimé pour ce qu’il est, ou pour l’image qu’il a fabriquée de lui-même. C’est très paradoxal. Bruno Humbeeck schématise : « C’est un peu comme si les enfants étaient devenus leur propre Barbie… » Sauf que Barbie est un idéal impossible à atteindre. Les adolescents peuvent donc se retrouver avec une image de soi très perturbée. Il ne faut pas diaboliser les réseaux sociaux pour autant. Il s’agit plutôt d’aider les enfants à prôner l’authenticité : « Ce que j’aime c’est ce que tu es vraiment, pas l’image que tu véhicules ».

Réseaux sociaux et adolescence : ‘C’est un peu comme si les ados étaient devenus leur propre poupée’ – rtbf.be

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *