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Etude sur les conséquences psychiatriques du Covid

Le risque accru de dépression et d’anxiété disparaît généralement deux mois après un Covid-19. En revanche, les patients présentent un risque accru de troubles psychiatriques et neurologiques jusqu’à deux ans plus tard.

Une grande étude de cohorte, incluant 1 284 437 patients ayant eu le Covid-19, suivis pendant deux ans, a été présentée par le Pr Denis David (Université Paris-Saclay), gagnant de la « Big Five » pour son choix de littérature scientifique (1).

Il avait été précédemment observé que le Covid est associé à des risques cumulés de séquelles neurologiques et psychiatriques dans les semaines et les mois qui suivent. Trois interrogations subsistaient :

les conséquences post-Covid persistent-elles ?

Existe-t-il un profil de risque différent selon les tranches d’âge ?

Le profil de risque a-t-il changé avec l’émergence des variants ?

C’est ainsi que cette vaste analyse d’études de cohorte rétrospectives a été menée, à partir des données du réseau international de dossiers de santé électroniques anonymisés, TriNetX, d’environ 89 millions de patients (principalement aux États-Unis, mais aussi en Australie, au Royaume-Uni, en Espagne, en Bulgarie, en Inde, en Malaisie et à Taïwan).

Les auteurs ont recensé les patients de tout âge, diagnostiqués avec une infection à Sars-CoV-2, entre le 20 janvier 2020 et le 13 avril 2022. Soit 1 284 437 patients (185 748 enfants, 856 588 adultes et 242 101 personnes âgées de 65 ans ou plus), d’âge moyen 42,5 ans, dont 57,8 % étaient des femmes. Ces patients ont été appariés à une cohorte de patients diagnostiqués pour une autre infection respiratoire, sur la base de facteurs démographiques, de facteurs de risque de Covid-19 ou de maladie grave à Covid-19 et du statut vaccinal.

Les auteurs ont comparé le risque de 14 diagnostics neurologiques et psychiatriques (trouble anxieux, trouble de l’humeur, trouble psychotique, insomnie, déficit cognitif, démence, épilepsie, AVC ischémique…), jusqu’à deux ans après l’infection, entre les patients du groupe Covid-19 et ceux du groupe infections respiratoires. Les données ont été analysées selon l’âge des patients.

Le pire est-il à venir ?

Chez les personnes âgées qui avaient eu le Covid, il y avait une fréquence plus élevée de troubles cognitifs (1 540 cas/10 000 vs. 1 230/10 000 dans le groupe témoin), de démence (450 vs. 330/10 000) et de troubles psychotiques.

Chez les adultes, le risque de trouble de l’humeur ou d’anxiété a rapidement augmenté après le Covid, mais est rapidement revenu au même niveau de risque que le groupe témoin, après 43 jours pour les troubles de l’humeur et 58 jours pour les troubles anxieux. Après deux ans, il n’y avait aucune différence de l’incidence de ces troubles dans les deux groupes.

Les enfants ayant eu le Covid-19 n’étaient pas plus à risque de troubles de l’humeur ou d’anxiété. En revanche, ils étaient plus susceptibles d’avoir des convulsions (260 vs. 130/10 000) et des troubles psychotiques (risque faible : 18 vs. 6/10 000).

Le variant delta était associé à des risques significativement plus élevés sur six mois de nombreux troubles, aggravés par une augmentation du taux de mortalité. Delta a ainsi augmenté le risque d’anxiété de 10 %, d’insomnie de 19 % de troubles cognitifs de 38 %, d’épilepsie ou de convulsions de 26 % et d’AVC ischémique de 27 %. Les risques neurologiques et psychiatriques avec le variant Omicron étaient similaires à ceux de delta.

Les auteurs de l’étude se montrent inquiets quant à l’avenir, sur ce fardeau potentiel qui pèsera sur le système de soins.

Session « Big Five »

(1) Taquet M et al. Neurological and psychiatric risk trajectories after Sars-CoV-2 infection: an analysis of 2-year retrospective cohort studies including 1284 437 patients. Lancet Psychiatry 2022 oct (9)815-27

Dr Christine Fallet

 

 

 

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