Articles psy

Santé mentale des jeunes : la Défenseure des droits demande un plan d’urgence

Deux ans après la crise sanitaire, la vague de problèmes psychiatriques chez les jeunes n’est pas retombée et inquiète les spécialistes. La Défenseure des droits a appelé, jeudi 2 juin, la première ministre, Elisabeth Borne, à mettre en place un plan d’urgence pour la santé mentale des jeunes face à « la gravité de la situation », estimant que des moyens « largement insuffisants » sont déployés.

« Alors que 2022 a été désignée année européenne de la jeunesse, la Défenseure des droits, Claire Hédon, et son adjoint le Défenseur des enfants, Eric Delemar, appellent la première ministre à prendre la pleine mesure de la gravité de la situation dans laquelle sont plongés de nombreux jeunes et à agir rapidement pour que la santé mentale des jeunes soit une priorité », a-t-elle rapporté dans un communiqué

Les jeunes filles majoritairement concernées

La Défenseure des droits avait déjà alerté en novembre sur l’état de la santé mentale des jeunes mise à mal par la crise sanitaire, avec une augmentation des troubles dépressifs et une insuffisante prise en charge psychiatrique, dans son rapport annuel sur les droits de l’enfant.

Selon le dernier bulletin de Santé publique France, les passages aux urgences pour geste suicidaire, idées suicidaires et troubles de l’humeur chez les 11-17 ans se maintenaient au début de mai « à un niveau élevé », supérieur à celui observé au début de 2021. Si tous les milieux sociaux sont touchés, dans 80 % des cas les comportements suicidaires concernent des jeunes filles, ce qui n’est pas nouveau.

« Santé publique France lui a malheureusement donné raison en publiant des chiffres alarmants sur une augmentation des passages aux urgences pour gestes suicidaires, idées suicidaires et troubles de l’humeur », souligne le communiqué, déplorant que « pourtant, certaines structures continuent de fermer des lits en pédopsychiatrie par manque de personnels et de moyens ».

29 recommandations

Depuis quelques mois, les délais pour obtenir un rendez-vous avec un psychiatre se sont nettement allongés. Dans les centres médico-psychologiques, ils peuvent atteindre 18 mois selon les régions. « Le défaut de prise en charge des troubles de santé mentale et les manquements aux droits qui en découlent constituent une entrave au bon développement de l’enfant et à son intérêt supérieur, que deux années de vagues épidémiques ont contribué à aggraver de manière très préoccupante », poursuit le texte.

« Alors que le pic d’hospitalisations des adolescents de 2021 ne redescend pas, la situation de certains de ces mineurs reste dramatique, tant les prises en charge sont parfois inadaptées. » Pour la Défenseure des droits, il faut « sortir des approches fragmentaires et strictement sanitaires ».

Devant les besoins croissants, certaines structures ont vu le jour comme l’Atrap, dans le 20e arrondissement à Paris, qui promet une réponse rapide (48 heures au maximum) aux jeunes âgés de 10 à 15 ans en état de crise et qui n’ont pas de suivi psychiatrique dans leur secteur. Mais elle n’est accessible qu’aux Parisiens.

Dans son rapport de novembre, la Défenseure des droits avait fait 29 recommandations pour s’attaquer à ce problème, parmi lesquelles améliorer les dispositifs d’accueil du jeune enfant, développer le « soutien à la parentalité » et ouvrir des « maisons des adolescents » dans chaque département.

Publié dans le journal Le Monde avec AFP le 02 juin 2022

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *